Les mots

Nous pensons avec les mots, et les mots ont un sens. Si on change le sens des mots on change notre façon de penser. En piratant les mots, le système pirate nos cerveaux et nous empêche de penser !

En français

La référence ultime en français pour prendre pleinement conscience du phénomène : la conférence gesticulée de Franck Lepage, Inculture.

Et un beau texte :

La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple, imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le temps.
La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de l’expression.
Supprimer le mot «mademoiselle» est non seulement renoncer à l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une petite fille et une femme il n’y a rien.
Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à exprimer les émotions et moins de possibilités d’élaborer une pensée.
Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des mots sur les émotions.
Sans mot pour construire un raisonnement, la pensée complexe chère à Edgar Morin est entravée, rendue impossible.
Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.
L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges Orwell dans 1984 à Ray Bradbury dans Fahrenheit 451 qui ont relaté comment les dictatures de toutes obédiences entravaient la pensée en réduisant et tordant le nombre et le sens des mots.
Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée sans mots.
Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du conditionnel ? Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur ? Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative, sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que ce qui pourrait advenir soit advenu ? Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd’hui, ce serait celui, adressé aux parents et aux enseignants: faites parler, lire et écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.
Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée. Parce que dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent à longueur de temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses «défauts», abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain. Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la pensée de la beauté.
Christophe Clavé

Egalement intéressant, le texte de Jean-François Revel sur la féminisation des mots :

On dit: «Madame de Sévigné est un grand écrivain» et «Rémy de Goumont est une plume brillante». On dit le garde des Sceaux, même quand c’est une femme, et la sentinelle, qui est presque toujours un homme.
Tous ces termes sont, je le répète, sémantiquement neutres. Accoler à un substantif un article d’un genre opposé au sien ne le fait pas changer de sexe. Ce n’est qu’une banale faute d’accord.

En anglais

Voici quelques exemples de mots redéfinis récemment :

Femme : le Cambridge Dictionnary a ajouté fin 2022 la définition suivante : "adulte qui s'identifie en tant que femme bien qu'ayant un sexe différent à la naissance". Donc les hommes peuvent être des femmes... (l'inverse est évidemment vrai aussi !)

Récession : la définition communément admise était deux trimestres de baisse de la croissance. Mais évidemment, lorsque cela s'est produit, c'est la définition qu'il fallait changer.
Redéfinition de la récession.jpeg|500

Le COVID a également permis la valse des sens.

Vaccin : le CDC a modifié sa définition de vaccin pour l'adapter à l'inefficacité des "vaccins" COVID :

Immunité de groupe : là c'est le WHO qui s'est attelé à la tâche :

La réécriture de l'histoire

Et après avoir redéfini, transformé ou interdit les mots, on réécrit l'histoire, toutes les histoires. Ainsi par exemple la réécriture inclusive des romains de Roald Dahl, délire wokiste et totalitaire.

Il faut défendre le sens des mots car il s'agit de notre capacité à penser. Le système veut nous empêcher de le penser, et si nous ne pouvons pas le penser nous ne pouvons plus le combattre. Protégons les mots, la langue et le sens !

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