La tentation d'une île
La tentation d'une île, c'est l'utopie de l'autonomie, seul ou en petit groupe.
En cas de crise majeure, il est certain que l'île assurera une certaine sécurité à ses habitants. Mais cette sécurité sera de courte durée.
Tout d'abord l'autonomie est toujours partielle ; même aujourd'hui, avec la facilité de l'accès à la connaissance, il n'est pas simple (et coûteux !) d'arriver à un niveau minimal d'auto-suffisance alimentaire et énergétique. Et après, il faut des habits, des matériaux de construction, des outils... Sans parler de la possibilité d'années de sécheresse ou du manque inévitable de soins médicaux.
Ensuite, cette île sera très vite l'objet de toutes les attentions, menacée par des gens plus ou moins bien préparés. L'île doit donc prévoir de solides défenses, des armes, des exercices de sécurité...
En cas de crise majeure, les habitants de l'île vivront donc dans la peur et leurs ressources diminueront au fur et à mesure que la société s'effondre. Ils seront peut-être les derniers à disparaître, mais dans quelles conditions auront-ils survécu ?
L'île peut donc être un choix de vie, exprimant le refus du progrès et la volonté de vivre plus près de la Nature ; en cela elle est un choix parfaitement cohérent. Mais elle n'est pas une réponse aux risques qu'encourt notre civilisation, ni un choix d'avenir.
Cela reviendrait à nier des siècles de progrès, rendus possibles par le progrès technologique et les gains de productivité. Cela exprime aussi un pessimisme (compréhensible mais inutile !) vis-à-vis de la capacité du système à se transformer, à évoluer vers un fonctionnement plus démocratique et plus pérenne.
Or c'est la seule vraie sortie de crise possible : utiliser la technologie pour mettre en place une société plus démocratique et une économie de l'abondance.
La tentation d'une île, c'est le repli sur soi dans un monde qui effraie ; c'est un réflexe de survie qui sera temporairement efficace dans certaines situations (et sans aucun doute enrichissant !), mais ce n'est pas un modèle de société pour l'avenir.
Notre évolution passe à l'inverse par davantage d'interconnexions et d'interdépendances, ce qui permettra la poursuite des gains de productivité qui offriront à la civilisation humaine l'abondance de biens, d'énergie et d'aliments de qualité dont elle a besoin.
Et c'est là l'enjeu de la La Démocratie Numérique : faire en sorte que ce modèle de société soit dirigé par la population et soit au service de la population !