2023-04

BRICS et dé-dollarisation

L'info du jour n'est pas l'info du mois. Et dans un monde médiatique gouverné par le court terme, l'accélération du développement des BRICS passe sous silence. C'est pourtant l'histoire en marche !

Dé-dollarisation

Lors d'un discours historique à la banque des BRICS (New Development Bank de Shangai) désormais présidée par Dilma Rousseff, Lula a remis en question l'utilisation du Dollar US comme monnaie d'échange internationale.

Et il ne s'agit pas d'un voeu pieu car le mouvement est déjà largement en marche. Par exemple, pour la première fois en Mars le Yuan est devenu la monnaie la plus utilisée pour le commerce international chinois, devant le dollar ! Et de façon générale, les accords bilatéraux pour commercer en monnaie locale se multiplient.

Mais surtout, Lula reparle de la future monnaie des BRICS déjà évoquée par la Russie fin mars . Non seulement cette monnaie facilitera le commerce au sein des BRICS, mais elle incitera les pays périphériques à l'utiliser pour leur commerce bilatéral avec les membres des BRICS et intéressera les pays traumatisés par le FMI.

Soutenue par une économie désormais plus forte que cette du G7, cette future monnaie a tout d'une future monnaie de réserve mondiale. En effet, si le développement des échanges commerciaux en Yuan ou en monnaie locale est incontestable, le statut de monnaie de réserve mondiale du Dollar n'est pas encore remis en question. Mais une monnaie soutenue par les BRICS remettrait en cause cette hégémonie : si elle est acceptée par le plus gros bloc économique du monde, pourquoi un pays aurait-il encore besoin du Dollar ?

C'est un cercle vicieux pour l'Occident. Le Dollar ne tient que grâce à son statut hégémonique, qui a permis aux USA de s'endetter de façon inconsidérée. Chaque Dollar en circulation n'est qu'une reconnaissance de dette ; mais le monde prend conscience que cette dette ne sera jamais remboursée... Pour limiter l'impact de ce qui devient un désastre annoncé, les pays en développement cherchent des alternatives... Ce qui accélère la chute du Dollar !

Extension des BRICS

Ce n'est donc pas un hasard si les demandes d'adhésion aux BRICS s'accélèrent : 19 candidats fin avril, en particulier l'Arabie saoudite, l'Iran, l'Argentine, l'Egypte, l'Indonésie...

Et cet intérêt va au-delà de la monnaie ; il s'agit aussi d'une alliance politique. Les pays non occidentaux sont las de la politique internationale menaçante et aggressive des USA. Les sanctions contre la Russie ont accéléré la prise de conscience !

L'extension des BRICS et l'adoption d'une monnaie commune signera la fin de l'hégémonie du Dollar, l'effondrement des USA qui devront faire un défaut sur le dette, et par là même la fin de la super puissance occidentale.

Et ce film qui a l'air de se jouer au ralenti va en fait très vite. Sur la pente savonneuse, on commence par glisser doucement... Jusqu'à ce qu'on perde l'équilibre !

Fin annoncée de la liberté d'expression en Occident

Le déclin de l'Occident, c'est aussi la disparition des valeurs qui en faisaient la richesse ; et en particulier la liberté d'expression, attaquée de tous les côtés. Quelques exemples.

Restrict Act aux USA

Souvent appelé "TikTok Ban", c'est en fait un texte à visée beaucoup plus large visant officiellement à protéger les USA d'adversaires étrangers ("foreign adversaries"). TikTok n'y est même pas cité !

Mais en réalité cela va beaucoup plus loin.

Le texte permet de surveiller et de bloquer tous les échanges impliquant des technologies matérielles ou logicielles impliquant ces pays hostiles : Chine, Russie, Iran, Cuba, Venezuela, Corée du Nord.

Mais les mêmes mesures peuvent être appliquées dès qu'un risque est détecté pour la sécurité nationale ou la sécurité de citoyens américains... Ce qui est un périmètre autrement plus large !

Et si des personnes ou entités voulaient alors contourner les restrictions imposées sur ces matériels ou logiciels, elles pourraient risquer jusqu'à 1 million de Dollars d'amende et 20 ans de prison.

La proposition de loi est rédigée de façon extrêmement vague. Par exemple, elle permet de criminaliser l'utilisation de VPNs par les particuliers, puisqu'elle couvre tous les services conçus ou prévus pour échapper ou contourner l'application du texte ("designed or intended to evade or circumvent the application of this Act").

Dans sa rédaction actuelle, ce texte permet donc au gouvernement US de bloquer tous les matériels, applications et services qu'il souhaite de façon arbitraire (il n'a pas besoin de se justifier !), et de surveiller l'activité internet de chaque personne et entité présente sur le sol américain.

Il sera intéressant de voir si le texte passe le contrôle de constitutionnalité...

Nouvelle loi en Irlande

Ou comment sacrifier la liberté d'expression, la vie privée, et instaurer l'Etat totalitaire dans le même coup ! Lien vers le texte officiel.

L'Irlande est sur le point de passer une des pires lois de protection contre l'incitation à la haine en l'Occident, et ça veut dire beaucoup.

La simple possession de contenu qui pourrait inciter à la violence ou à la haine envers une personne ou un groupe de personne deviendra ainsi passible d'une peine de prison (page 11).

La simple possession !

Pire encore, la personne incriminée pour cette possession de contenu sera présumée coupable à moins qu'elle arrive à démontrer son innocence, ce qu'elle ne peut faire que dans un cadre limité qui ne permet pas l'appel à la liberté de pensée, d'opinion ou d'expression... Ni même à l'humour !

Autrement dit, cette loi permettra de jeter en prison n'importe qui, n'importe quand, sur la base d'un crime qu'elle n'a pas commis ni prévu de commettre, juste parce qu'elle dispose de contenu qui pourrait être considéré comme incitant à la haine.

Et à peu près tout contenu peut être classifié comme tel, puisqu'il s'agit de tout ce qui pourrait inciter à la violence envers des individus sur la base de leurs caractéristiques particulières, listées en page 6 : race, couleur, nationalité, religion, origine ethnique, descendance, genre, caractéristiques sexuelles, orientation sexuelle, handicap.

Autrement dit, si vous avez dans vos mails une blague sur les femmes, dans vos placards une caricature de Mahomet, ou dans vos favoris un lien vers une page qui dit que les hommes ne peuvent pas avoir d'enfants, vous êtes bon pour la prison.

N'importe qui, n'importe quand.

Twitter Files #20

Et pour confirmer et aggraver tant de choses qu'on savait déjà : les Twitter Files #20 décrivent la collaboration entre l'Etat US et son armée, des "ONG", les journalistes, et les plateformes d'information sur Internet (toutes ! Twitter, Microsoft, linkedIn, Pinterest, Verizon, Google, Reddit...).

On y voit les plateformes Internet s'organiser pour décider de comment présenter et classifier les informations, signaler la "désinformation"...

On y trouve également une info incroyable : un exercice de contrôle d'une "désinformation" qui ciblerait Hunter Biden avant la fuite du contenu de son fameux ordinateur portable, qui a impliqué le Washington Post, le New York Times, Rollingstone, NBC, CNN, Twitter, Facebook et l'université de Stanford. Un peu comme l'exercice pandémie coronavirus deux mois avant le début de la "vraie" pandémie...

Egalement dévoilés, les montants indécents pour des organismes censés lutter contre la "désinformation" sur Internet : presque 1 milliard de Dollars pour Peraton, sous-traitant militaire complètement inconnu du public, pour "contrer la désinformation originant des ennemis des USA".

Et comme toujours, omniprésente, la collusion entre les personnels de toutes ces organisations ; on retrouve toujours les mêmes noms, les mêmes objectifs, la même stratégie politique. C'est le système en action, à cœur ouvert.

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