7.4. L'économie positive

Idées

L'énergie

L'abondance énergétique est la clé du développement de l'Humanité et une priorité principale de la démocratie numérique.

Aucune source d'énergie n'est parfaite. Nous connaissons les sources d'énergie d'aujourd'hui, majoritairement fossiles, et nous connaissons les sources d'énergie de demain : solaire, éolien, nucléaire. Un investissement massif dans ces énergies permettra à terme de décarboner la production d'énergie, sans remettre en cause l'accélération de la croissance de la production.

Le temps de cette transition, les énergies fossiles vont continuer à assurer le développement de l'humanité, tout en finançant la transition énergétique. Ainsi, on peut imaginer une taxation progressive sur les énergies carbonées, sur une durée de 30 ans, avec pour objectif d'arriver en douceur au point de bascule où les énergies nouvelles deviendront naturellement plus rentables que les énergies fossiles, tout en laissant le temps à l'industrie de se repositionner.

En plus de contribuer à la protection de l'environnement cette politique massive de transformation énergétique va générer une forte demande de travail et donc créer de la richesse.

Et à terme, au-delà de la décarbonation de la production énergétique, l'abondance énergétique financera la réponse au réchauffement climatique et les gros chantiers de dépollution : plastique, polluants chimiques, métaux lourds... Il n'y a pas que le carbone !

La production alimentaire

Il y a deux aspects principaux : la production de matières premières et leur transformation.

L'agriculture

La production alimentaire est une des principales cause de pollution et de destruction des sols. Il s'agit donc de permettre une transformation des modes de production pour répondre aux objectifs écologiques de la démocratie numérique, tout en maintenant une production abondante et diversifiée de nourriture.

Les règles économiques doivent donc être adaptées : les producteurs pratiquant une agriculture dommageable à l'environnement doivent être progressivement pénalisés par des taxations de plus en plus importantes. Cela imposera la conversion des exploitations à une agriculture plus respectueuse de l'environnement et créera des emplois.

Cela ne signifie certainement pas la fin de l'agriculture intensive et mécanisée ; il ne s'agit pas de revenir à la faux ! Au contraire, c'est là aussi par la technologie et l'intelligence que nous pourrons aller vers une agriculture productive et respectueuse de l'environnement : adaptation aux contraintes locales, connaissance et protection des sols, libération des semences...

On peut imaginer ici aussi un plan sur 30 ans permettant une transition douce, le temps de transformer les pratiques agricoles et de trouver les modèles les plus efficaces.

L'industrie de transformation alimentaire

Il s'agit là aussi de renverser les incitations : produire des aliments hyper transformés de faible qualité nutritive doit coûter plus cher que de produire de la nourriture saine, la moins transformée possible.

Des taxes progressives sont donc appliquées sur les produits de base des aliments transformés (sirop de glucose, huiles végétales, conservateurs, additifs...), pour permettre une transition raisonnable.

Non seulement cela permettra de réduire les coûts d'une alimentation saine, mais cela améliorera la santé générale de la population.

La santé

La santé ne doit pas être un enjeu économique. Comment le système peut-il fonctionner efficacement quand le seul objectif des entreprises pharmaceutiques est la rentabilité, et que le seul moyen d'atteindre cet objectif est de vendre plus de soins et de médicaments ? On demande au dealer de désintoxiquer ses clients !

Dans ce domaine plus que tous les autres il faut donc inverser les incitations et redonner le contrôle aux citoyens.

Une vraie politique de santé publique

Le vrai objectif du système de santé doit être une population en bonne santé. Le système de soins n'est jamais aussi efficace que lorsqu'il n'a rien à faire !

Pour cela :

L'accès aux soins

L'accès aux soins est un composant de base de la Démocratie Numérique. Il est ouvert à tous, sans quelconque justificatif d'identité ou dossier médical.

Il faut cependant limiter le recours systématique et inutile au système de santé. Pour cela, le patient paiera toujours un montant minimum pour une consultation médicale. Ce montant doit être suffisamment faible pour être facilement couvert par le revenu universel, mais suffisamment significatif pour limiter les consultations inutiles.

Ce paiement minimum pourra être annulé lors de pathologies graves requérant un suivi régulier.

Le corps médical

L'ensemble du corps médical exerce librement, à son compte ou dans une structure médicale plus importante. Les médecins sont partiellement rémunérés par l'état sur la base de leur compétence et de leur service déclaré (consultations, heures de permanence, etc...), et complètent leur revenu par les paiements de leurs patients.

Les médecins exercent librement et ne peuvent être contraints à suivre un protocole médical imposé par l'Etat ou des entreprises privées. La relation entre le patient et le médecin est privée et les décisions du médecin sont adaptées à cette relation. Cela n'empêche évidemment pas un médecin frauduleux d'être poursuivi par ses patients en cas d'abus.

L'hôpital

L'hôpital est financé par l'Etat. Les soins y sont gratuits, à l'exception du montant minimum de prise en charge (logique similaire au montant minimum de paiement pour la consultation).

L'hôpital se charge de rémunérer les membres du corps médical sur la base de leur service.

L'exercice privé de la médecine

Les médecins peuvent choisir d'exercer à titre privé tout ou partie de leur temps, hors du cadre et de la rémunération fixés par l'état. Ils peuvent également mettre en place des cabinets médicaux pluridisciplinaires et des cliniques généralistes ou spécialisées.

Ces structures pratiquent un tarif libre, entièrement à la charge du patient. Ces montants sont taxés et contribuent au financement de la santé publique.

Cela permet la mise en place d'une médecine à deux vitesses qui est de toute façon inévitable, tout en permettant de financer partiellement les soins publics par les plus aisés.

La recherche

La recherche est libre ; elle peut être publique ou privée. En revanche, l'intégralité du protocole de test permettant la mise sur le marché d'un nouveau traitement est sous contrôle citoyen.

Les essais sont ainsi réalisés par des laboratoires indépendants, supervisés par le ministère de la santé et une commission citoyenne. Pour être approuvé sur le marché, le traitement doit démontrer une nette supériorité sur un médicament connu et être validé par le laboratoire indépendant ayant mené les essais, le ministère de la Santé et la commission citoyenne.

Une protection des droits de 10 ans sera alors allouée à l'inventeur, au-delà de laquelle la formulation tombera dans le domaine public.

Les entreprises pharmaceutiques

Leur rôle principal est la production des médicaments.

Elles seront donc en concurrence pour fabriquer la plupart du temps des médicaments à la formulation rendue publique, ce qui assurera un coût très bas à l'essentiel des traitements.

Elles peuvent faire de la recherche dans les limites fixées ci-dessus, et procéder à des essais internes, mais ces essais ne pourront pas déboucher sur une mise sur le marché tant que le protocole officiel n'a pas été suivi.

La distribution de médicaments

Les médicaments prescrits par un médecin, que la structure soit privée ou publique, sont pris en charge par l'état. Les médicaments accessibles sans ordonnance sont à la charge du patient.

Là aussi, un effort d'éducation permettrait de limiter le recours au système de soin, en permettant à chacun de s'auto-médicamenter pour les petits bobos de tous les jours ; les médecins n'ont aucune valeur ajoutée à prescrire du paracétamol !

L'industrie

Une industrie puissante est la clé pour une économie de l'abondance, mais cela ne doit pas se faire au détriment des valeurs de la démocratie numérique.

Toujours selon les mêmes principes, il s'agit d'intégrer les coûts correspondant à la compensation des dommages causés à l'environnement dans la production.

Pour cela, les entreprises déclarent leur impact environnemental (et pas seulement l'impact carbone !). Elles peuvent soit le compenser directement, soit intégrer les coûts de dépollution dans leurs produits. Une commission conjointe des ministères de l'économie et de l'environnement est en charge d'évaluer les coûts et de procéder à des inspections régulières des déclarations.

Les facteurs inclus dans l'impact environnemental et leur coût de compensation sont décidés par le pouvoir législatif et/ou dans le cadre de votations, et encouragent la transition vers des modes de production moins polluants.

Ici encore, l'abondance énergétique permettra de faciliter la compensation des pollutions industrielles.

Les médias

Les médias jouent un rôle important dans la démocratie numérique en alimentant le débat public, et ils doivent pour cela être indépendants du pouvoir politique. Aussi, les médias sont libres et non subventionnés.

Cela n'aura toutefois servi à rien si c'est pour tomber aux mains des plus riches industriels ou banquiers, qui en feront l'appareil de leur propagande.

Pour limiter ce risque, la démocratie numérique met en place deux contre-mesures :

L'Etat ou les citoyens peuvent porter plainte contre la censure auprès de la justice qui dispose alors des moyens d'investigation nécessaires pour confirmer ou non une atteinte à la liberté d'expression.

Dans le cadre de ce système, il y aura une forte incitation à créer des médias indépendants du pouvoir économique, qui seront financés par leurs abonnés et nourriront le débat public.

La liberté

Finalement, il ne s'agit que de mesures de bon sens, appliquées à la marge pour permettre l'expression de la créativité et de la liberté des agents économiques.

Il faut juste éviter que cette liberté ne dévie vers des comportements nuisibles à la société, comme c'est le cas dans notre système actuel ; les limites nécessaires seront fixées par le vote citoyen, puis inscrites dans le Code pour les rendre incorruptibles.

A la recherche du meilleur des deux mondes !

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