3.6. La vie économique

Idées

Les comptes de l'Etat

L'Etat doit récupérer sa prérogative historique et reprendre le contrôle de sa monnaie. Il peut ainsi contrôler un levier essentiel du pilotage de la vie économique.

Les comptes de l'Etat doivent être structurellement équilibrés ou positifs. Bien que l'Etat puisse émettre sa propre monnaie, il est des circonstances où un emprunt pourrait être préférable ; dans ce cas le recours au financement doit être mené de façon à limiter le risque de dépendance vis-à-vis d'acteurs privés ou internationaux.

Au final, ce sont les citoyens qui ont le maître mot sur le budget de l'Etat, qui sera voté publiquement chaque année.

La monnaie

La monnaie de demain sera numérique, que le système totalitaire l'emporte ou non. L'enjeu, c'est d'assurer à l'Etat (et donc aux Citoyens) le contrôle de cette monnaie numérique.

Avec une monnaie sous contrôle de la Démocratie Numérique, on peut mettre en oeuvre une monnaie au service de l'économie réelle et limiter la spéculation. Le rôle de la monnaie doit être de faciliter les transactions et de fluidifier l'économie, pas de spéculer !

Les monnaies nationales

Dans la Démocratie Numérique, chaque Etat dispose de sa propre cryptomonnaie et en fait une utilisation souveraine. Ces cryptomonnaies disposent des caractéristiques suivantes :

La monnaie de réserve mondiale

Une monnaie de réserve mondiale acceptée nativement par tous les Etats sera constituée.

Aujourd'hui, on pourrait imaginer le Bitcoin servir de modèle pour une monnaie de réserve mondiale, à quelques modifications près. Le système proposé par Decred, limitant la dépendance au minage et intégrant des capacités de gouvernance, est également intéressant.

Les NFT

Aujourd'hui principalement axés sur l'art, les NFT (Non Fongible Token - EN FR) sont les titres de propriété de la société de demain. Chaque bien de valeur sera identifié de façon unique et la possession du NFT correspondant sera le titre de propriété du bien, à valeur légale.

Chacun peut créer les NFT correspondant à son travail, qu'il soit artistique, manuel ou intellectuel, que le support soit numérique ou physique : une peinture, le code source d'un programme, un objet...

Au-delà de la production individuelle, des instances de tierce partie sont requises pour garantir l'unicité de certains biens ; ainsi le NFT correspondant à un bien immobilier doit être certifié par une instance administrative officielle.

Pour d'autres types de biens de valeur (automobile, électronique), on peut imaginer que le NFT soit associé au bien au moment de sa production par le fabricant, et qu'il suive ensuite le bien. Une autorité centrale autorise les émetteurs de NFT avec un mécanisme similaire aux autorités de certification (PKI) utilisées pour l'identité numérique, permettant de certifier l'authenticité du NFT.

Les NFT disposeront de caractéristiques différentes en fonction du type de bien, pour y intégrer des éléments contractuels. Cela permettra l'intégration avec la monnaie nationale pour automatiser, le cas échéant, l'imposition des transactions.

Les portefeuilles

Ainsi chaque individu ou organisation disposera au moins de deux portefeuilles, un pour effectuer ses paiements et transactions, un pour gérer ses titres de propriété. Ces portefeuilles pourront être consolidés et associés à l'identité numérique de leur utilisateur (plus précisément à une des identités ; officielle ou pseudonyme).

Rien n'empêche cependant des transferts de fonds anonymisés ou l'ouverture de comptes supplémentaires liés à une l'identité numérique pseudonyme, car la possibilité d'effectuer des transactions anonymes est un élément fondateur des libertés individuelles et de la vie privée.

La liberté de participation à la vie économique

L'objectif est de permettre à chacun de contribuer là où il le souhaite, d'expérimenter et d'apporter sa créativité et son énergie dans tous les secteurs de l'économie.

Le revenu universel

Afin de simplifier les différents dispositifs d'assistance et d'assurer à chacun un niveau minimal de subsistance et dignité, les Etats distribueront un revenu universel à tous les âges de la vie.

Ce revenu universel se substituera à tous les revenus complémentaires particuliers, permettant ainsi une simplification colossale des services administratifs de l'Etat.

Ce revenu sera calculé automatiquement en fonction des revenus de l'Etat et ajusté en fonction de l'activité économique.

La garantie de disposer de ce revenu permet à chacun de choisir les voies de son engagement dans la vie économique, tout en sachant qu'il disposera d'un filet de sécurité en cas d'échec.

Liberté de création d'entreprise et de travail individuel

Ainsi, la démocratie numérique encourage entrepreneuriat, le travail indépendant, la créativité et l'initiative.

La mise en place d'une structure de type entreprise est simplifiée et se limitera à la création d'un compte professionnel sur la blockchain nationale. Chacun pourra ainsi facilement faire rémunérer ses services et ses compétences.

Le salariat et l'engagement de long terme dans une organisation seront également simplifiés ; le but est de créer un système souple favorisant l'agilité, la liberté et la performance. Cela se fera sans conséquence sociale grâce au filet de sécurité permanent du revenu universel, et de plus cette souplesse pourra également bénéficier au salarié.

Cela ressemble à un paradis néo-libéral... Et ça l'est ! Mais avec une différence significative : les individus auront la liberté de travailler ou non. Et cela modifie complètement le rapport de force en forçant les employeurs potentiels à traiter et rémunérer leurs personnels convenablement, faute de les voir simplement partir.

La Démocratie Numérique est fondée sur la confiance et cela doit aussi s'exprimer dans le travail.

Valorisation du travail bénévole

Le revenu universel permet également de valoriser le travail invisible : garde des enfants par les grands-parents, création artistique, bénévolat, activités qui toutes contribuent au lien social sans donner lieu aujourd'hui à une quelconque rétribution.

L'incitation à la participation positive

Un des pires défauts du système actuel est qu'il encourage les comportements contre-productifs du point de vue du bien commun. Les entreprises pharmaceutiques ont intérêt à ce que la population soit malade, les entreprises alimentaires ont intérêt à ce que la population mange trop... Et non seulement cela les incite à des comportements négatifs, mais cela les incite à coopérer en ce sens !

Une des principales idées de la démocratie numérique est donc d'inverser les incitations pour qu'il devienne plus intéressant pour les entreprises de contribuer au bien commun que de nuire à la population.

Ces points seront développés plus en détails ultérieurement, mais donnons ici quelques exemples :

Dans les secteurs où l'incitation à une participation positive est impossible ou trop complexe, les entreprises pourraient être rendues à but non lucratif par la loi, ou en dernier recours contrôlées directement par l'Etat.

Surveillance des organisations trop influentes

La démocratie numérique ne peut être menacée par des sociétés privées dont l'objectif est avant tout de générer du bénéfice.

Le fonctionnement des entreprises sera donc soumis à des règles de transparence absolues et elles pourront être auditées à tout moment par les services de l'Etat.

Une entreprise qui aurait agi contre l'intérêt de la population pourra être réorganisée ou démantelée.

Le rôle de l'Etat

L'Etat joue le rôle de facilitateur de l'initiative économique. Il garantit la liberté d'entreprendre, la clarté et la stabilité des règles du jeu et la transparence des marchés.

En tant qu'exécuteur des volontés du peuple, c'est un des principaux donneurs d'ordre économique et il joue donc un rôle significatif dans l'économie en général. Ne disposant généralement pas des moyens de réalisation lui-même, il fera souvent appel au secteur privé pour mettre en oeuvre les décisions issues de la votation.

Ces attributions de marchés se feront elles aussi de façon transparente et auditable. Lorsqu'ils travaillent dans le contexte d'un marché public, les partenaires sélectionnés pour la réalisation se soumettront aux mêmes règles de transparence et d'auditabilité que l'Etat.

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